Aux médias, à la justice et à qui veut (Bernard Ziegler)

25 février 2011.

Dans les années cinquante et soixante j’ai passé toute mon enfance au contact direct de la DGAC (à l’époque le SGACC) où travaillait mon père, d’abord quai Branly, puis à la Convention, et aussi dans le hangar de ce même SGACC au Bourget (juste devant l’entrée des locaux actuels du BEA). Dans les années cinquante et soixante j’habitais à quelques centaines de mètres de ce hangar, de l’autre coté du bout de la piste Nord-Sud, à Dugny, dans les immeubles qui longent l’aéroport. J’ai baigné dans ce milieu dès ma naissance (par exemple, cela m’a permis de voyager sur le prototype de la Caravelle F-BHHI durant les vols d’essai en ligne, avant la certification).

Je me souviens encore des discussions des adultes à la suite du drame de la Vallée-Blanche , le 29 août 1961, qui portaient surtout sur l’identité du pilote, connue dans les milieux aéronautiques, et sur le fait que celle-ci n’était pas divulguée (elle ne l’a jamais été, sauf par Le Canard Enchaîné quelques mois plus tard). Il ressortait de ces discussions que la carrière à Air France du « fils Ziegler » et ses ambitions d’y devenir le chef pilote étaient compromises, malgré le non-lieu hallucinant rendu par la justice. Et la porte d’Air France lui a en effet été fermée, au motif qu’avec une telle casserole, agrémentée d’un non lieu bananier, on ne pouvait prendre le risque de l’embaucher à Air France (les choses ont changé depuis et les« fils d’archevêques » sont maintenant embauchés sans vergogne, même s’ils sont incompétents, ce qui vaut pour les dirigeants syndicaux, dont on obtient ainsi la plus grande complaisance).

Ziegler père, n’est autre que Henri Ziegler, un ponte de l’aéronautique, directeur général d’Air France de 1948 à 1954, directeur général de Breguet de 1957 à 1967. Etc.

Son fils, Bernard, responsable du drame de 1961, est finalement devenu le concepteur de la « nouvelle technologie Airbus » qui lui a inspiré des slogans tels que « les ordinateurs des Airbus corrigent les erreurs des pilotes », « les Airbus, ma concierge peut les piloter », « on ne demande pas à un pilote de savoir ce qu’il y a dans son Airbus de la même manière qu’on ne demande pas à un chauffeur de taxi de savoir ce qu’il y a sous le capot de son véhicule », « le cerveau des Airbus remplace celui des pilotes »… Un beau florilège d’âneries qui relève peut-être de la rancoeur de n’avoir pu faire carrière à Air France. Bernard Ziegler était-il le mieux placé pour concevoir les nouveaux Airbus ? Après le crash de Habsheim, survenu dès la mise en service de cette nouvelle technologie, le 26 juin 1988, où les ordinateurs des commandes de vol ont mis l’avion par terre en s’opposant aux actions pourtant massives du pilote, était-il judicieux de l’associer à Pierre-Henri Gourgeon ?